Émaillés pour la France
5 novembre 2019
Il y a les médailles, les défilés, la musique militaire, la patrie, les oriflammes, les torses bombés des parades, et puis il y a l’enfer, les tranchées, les bombes pleuvant toutes les saintes secondes, à trembler, à assommer les nerfs, à vriller les âmes, à briser les corps, à rendre fou d’une guerre boucherie, des mutilations volontaires, des hôpitaux militaires, des électrochocs sordides pour leur redonner l’envie du combat, les faire tenir debout, ces loques devenues, ces hommes par millions, innocents comme des paysans, des ouvriers, des gens simples, comme mon arrière-grand-père Joseph, trois fois blessé, gazé, mutilé, pour finir explosé dans un trou d’obus en août 1918, son corps n’a jamais été retrouvé, sa tombe est vide, quelque part dans la Somme, non lieux, perdu pour la patrie.
Il y a les commémorations et puis il y a Craonne, la chanson des soldats qui ne voulaient plus mourir pour rien, rester debout, et en finir avec cet enfer.
Ma mémé la chantait tous les 11 novembre, avec le temps des Cerises, en souvenir de son papa, mort là bas, pour rien quand elle avait 8 ans.
à mon pépé Joseph, à nos disparus.